Réaction de Virage Énergie au rapport de Greenpeace sur la vulnérabilité de la centrale nucléaire de Gravelines face à la montée des eaux

Réaction de Virage Énergie au rapport de Greenpeace sur la vulnérabilité de la centrale nucléaire de Gravelines face à la montée des eaux

Ce jeudi 3 Octobre, Greenpeace, membre comme Virage Énergie du Réseau Action Climat,  a rendu public son rapport sur la vulnérabilité de la centrale nucléaire de Gravelines face à la montée des eaux induite par le dérèglement climatique. Cette publication prend une acuité particulière au moment où se tient jusqu’au 17 Janvier 2025 une phase de consultation sous l’égide de la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) sur le projet de construction de deux réacteurs de type EPR2 à proximité des six réacteurs existants sur site atomique porté par EDF. Virage Énergie, association de prospective énergétique et sociétale, en retire les éléments suivants :

1.Delta de l’Aa : un territoire littoral parmi les plus vulnérables de France

Notre association souscrit au constat de l’accumulation des risques que la possible construction de ces deux nouveaux réacteurs induirait sur le polder du Delta de l’Aa, un territoire historiquement vulnérable aux submersions marions et aux inondations de la plaine maritime. L’ajout régulier de systèmes de protection, non prévus à l’origine de la construction de la centrale nucléaire, entourant les six réacteurs vieillissants, atteste du retard d’EDF à prendre en considération l’environnement du site de Gravelines.

2. La nécessité d’une stratégie d’adaptation au dérèglement climatique

Nous entendons ici souligner la nécessité d’un cadre normatif solide et lisible en matière de planification territoriale et d’adaptation au dérèglement climatique, notamment des espaces littoraux. Or, le troisième plan national d’adaptation au changement climatique, initialement annoncé pour fin 2023, a été repoussé à maintes reprises sans qu’une échéance soit désormais donnée pour l’exposé des priorités à court, moyen et long terme ainsi qu’une visibilité sur les moyens juridiques et financiers à engager pour relever ce défi pour nos territoires.

3. Le climat, un sujet à mettre au coeur du débat public sur le nucléaire

Nous demandons à ce que la CNDP, en amont de sa session du 10 décembre 2024 consacrée au niveau de prise en compte par EDF du dérèglement climatique sur son projet, expose l’état des lieux des scénarii climatiques liées aux hypothèses de trajectoires d’augmentation des températures. Ce sera l’occasion de jauger du niveau de vulnérabilité du territoire – et plus largement l’impact sur la sécurité de ses habitants – face à l’implantation potentielle de tels réacteurs.

En prenant en compte le retour d’expériences d’ores et déjà désastreux de l’EPR 1, avant même sa mise en activité, des doutes conséquents demeurent quant à la période de vie du projet d’EPR2 (conception, construction, fonctionnement, démantèlement et gestion des déchets).

EDF ne garantit pas la sûreté de ses réacteurs au-delà de 2070 sans prise en compte des scénarios climatiques les plus sévères. Depuis le lancement des travaux de la CNDP, Virage Énergie entend appuyer les citoyen-ne-s dans l’exercice de leur pouvoir d’agir. Nous souhaitons rappeler que ce projet d’EPR2 constitue un anachronisme dispendieux, contraire aux intérêts de la France. Cette dette financière creusera notre dette écologique.

Paulo-Serge Lopes

Président de Virage Énergie