Communiqué de presse
17 septembre 2024
Réaction de Virage Énergie au lancement du débat public sur l’implantation de deux réacteurs EPR 2 à la centrale nucléaire de Gravelines
Ce mardi 17 Septembre commenceront officiellement pour une durée de 4 mois les travaux de la Commission Particulière du Débat Public consacrés au projet d’implantation de deux réacteurs EPR 2 à proximité des six réacteurs de la centrale nucléaire de Gravelines.
Virage Énergie, association de prospective énergétique et sociétale, s’investira dans ces discussions dans le droit fil de sa contribution à d’autres débats publics ces dernières années (travaux de prospective de Réseau de Transport d’Électricité, projets de décarbonation d’ArcelorMittal, programmation pluriannuelle de l’énergie…).
Notre contribution au débat portera tout particulièrement sur les conséquences de l’installation de deux réacteurs EPR2 sur le littoral dunkerquois et sur les projets industriels locaux ainsi que sur la configuration du système électrique national.
Nous serons particulièrement vigilants aux conditions dans lesquelles les travaux de la CPDP se tiendront, partant du constat que nombre de questions primordiales déposées lors de la CPDP qui s’est tenue de 2022-2023 sur le projet d’implantation de deux EPR à Penly demeurent à ce jour toujours sans réponse.
Au regard du risque notable de voir ce débat public se vider rapidement de sa substance et ainsi perdre sa validité, nous exposons à ce stade trois recommandations qui tiendront lieu de boussole pour nos interventions tout au long de ces prochaines semaines.
1 – La nécessité d’un cadre normatif
La décision de construire de nouveaux réacteurs nucléaires est censée découler d’une loi de programmation énergie-climat avec des objectifs précis et d’une programmation pluriannuelle de l’énergie avec des priorités d’actions clairement définies. Ces documents, pourtant indispensables, n’ont toujours pas été exposés ni débattus au sein du Parlement. Le gouvernement se doit de présenter rapidement la vision de sa politique énergétique et indiquer un calendrier précis du processus de décision s’articulant avec les engagements législatifs et la publication des documents réglementaires concernés.
2 – Le besoin d’une confrontation des scénarios d’évolution du système électrique
Les échanges ne devront pas se circonscrire aux caractéristiques techniques des réacteurs EPR 2 en comparaison des réacteurs du parc nucléaire existant ou de l’EPR 1 de Flamanville, toujours non raccordé au réseau électrique au bout de 17 ans de travaux. Il est indispensable de s’interroger sur l’opportunité même du projet de construction d’une paire d’EPR 2 à Gravelines en confrontant ouvertement les hypothèses de base censées le justifier à celles des scénarios alternatifs d’évolution du système électrique.
3 – Une analyse croisée des coûts
Jauger un tel projet de construction de deux réacteurs EPR 2 nécessite que soient apportées par ses maîtres d’ouvrage des précisions étayées concernant les coûts d’investissement et de fonctionnement escomptés ainsi qu’une présentation détaillée du montage financier censé assurer la pérennité de l’infrastructure. Au regard des dérapages de l’EPR 1, les incertitudes sont manifestes et demandent une comparaison systématique des coûts associés à la filière nucléaire dans son ensemble (extraction de l’uranium, construction-exploitation-déconstruction des infrastructures, traitement et stockage des déchets…) avec ceux relatifs au développement des énergies renouvelables et aux politiques publiques de maîtrise de la consommation énergétique. La dette financière ne doit pas s’ajouter à une dette écologique.
Dans ce contexte, Virage Énergie s’engagera dans les travaux de cette Commission Particulière du Débat Public et appuiera les citoyen-ne-s dans l’exercice de leur pouvoir d’agir en matière de transition énergétique.
Paulo-Serge Lopes
Président de Virage Énergie