Communiqué de presse de Virage Énergie
Jeudi 10 Février 2022
« Relance du nucléaire : une annonce du siècle dernier pour enterrer l’avenir »
L’annonce d’une relance du programme nucléaire – avec l’installation de six réacteurs EPR 2 dont deux sur le site nucléaire de Gravelines – est anachronique. En voici sept raisons :
1 : L’annonce va totalement à rebours des propres investigations du Réseau de Transport d’Électricité (RTE) en charge de l’approvisionnement électrique au niveau national. Futurs énergétiques 2050, son rapport publié en octobre en dernier, estime techniquement réaliste de parvenir à un mix électrique 100 % issus d’énergies renouvelables d’ici cet horizon tout en atteignant la neutralité carbone.
2 : Le réacteur de type EPR 2 n’a pas encore été homologué et validé par la propre Autorité de Sureté Nucléaire (ASN), seule habilitée à le faire. Le retour d’expériences sur lequel son projet se base – l’EPR première mouture – est un échec cinglant comme en atteste le chantier à Flamanville qui connaît un retard d’au moins 10 ans et un coût de construction et de mise en fonctionnement multiplié par 6 relevé par la Cour des Comptes en 2020.
3 : Le discours tenu n’est qu’un pur effet d’annonce sur la question climatique car au regard du temps de validation incompressible tant sur les plans techniques, que juridiques et politiques, le début – hypothétique – du chantier ne se fera pas avant au moins cinq ans sans compter la durée du chantier proprement dit soumis par définition à de nombreux aléas.
4 : L’engagement fait sur un horizon aussi lointain avec un budget aussi incertain ne permet pas de faire face à l’urgence climatique et à la nécessaire transition énergétique qui demandent des investissements dés maintenant, la baisse de la consommation énergétique par un recours massif à des mesures de sobriété et la diversification générale du panel énergétique notamment via des dispositifs déjà validés par l’ADEME.
5 : Concernant le projet implantation de deux EPR 2 sur le site de Gravelines, à côté de six réacteurs existants, il est à rebours de l’innovation en cours sur le territoire du dunkerquois (Arcelor Mittal, Verkor, Reuze,…) pour décarboner l’industrie et l’économie. Le seul devenir du nucléaire sur le territoire doit être une filière de démantèlement des réacteurs à commencer par les deux plus anciens.
7 : Plus largement, une décision aussi conséquente qu’est l’investissement dans une filière énergétique avec des incidences sur des décennies nécessitent au niveau national et local des débats fournis. C’est la raison pour laquelle nous solliciterons dans les prochaines semaines l’intervention de la Commission Nationale du Débat Public en sa qualité d’autorité administrative pour intervenir sur ce sujet.
Paulo-Serge Lopes
Membre de la commission locale d’information de la centrale nucléaire de Gravelines
Président de Virage Énergie
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