Réaction à la visite ministérielle de Bruno Lemaire et Christophe Béchu du 15 Janvier dans le dunkerquois
Ce lundi 15 janvier, à l’occasion de la visite à Dunkerque du ministre de l’économie Bruno Lemaire et du ministre de la transition écologique Christophe Béchu, a été annoncé le concours de l’État à la décarbonation du site d’ArcelorMittal Dunkerque. Virage Énergie salue la décision prise et demeurera très attentive aux modalités exactes de mise en œuvre et de suivi du projet (concertation continue, enquête publique, chantiers,…). En effet, le 4 février 2022 des annonces similaires avaient été faites lors de la visite sur le même site de Jean Castex, alors Premier ministre, sans que pour autant des engagements clairs aient été pris et suivis d’effets.
Concilier écologie et sidérurgie est une opportunité dont la réussite nécessite des garanties. Derrière le consensus apparent de réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre du secteur industriel, les désaccords se nourrissent entre autre du flou des engagements pris par ArcelorMittal et l’État. La décarbonation du processus sidérurgique du site d’Arcelor à Dunkerque permettra une réduction de plusieurs millions de tonnes de CO2 par an : incontournable et non suffisant face à l’urgence climatique. L’atteinte de la neutralité carbone impose de mobiliser absolument tous les leviers de réduction des émissions de CO2. Par conséquent, nous tenons à rappeler que la transition vers une mobilité durable et la rénovation thermique des logements sont des impératifs incontournables.
Pour Virage Énergie, qui a participé à la concertation préalable sur le projet qui s’est tenue entre le 23 novembre 2022 et le 12 février 2023 sous l’égide de la Commission Nationale du Débat Public, notre positionnement se focalise sur trois points :
1 – Donner la priorité à la sobriété
Une économie décarbonée suppose de repenser les filières industrielles – comme la sidérurgie – ainsi que notre niveau de production en découlant, ici l’acier produit. Atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans ce secteur ne pourra se contenter d’une approche uniquement basée sur l’efficacité énergétique et le « tout technologique » comme le recours à l’ hydrogène.
Il est nécessaire de s’interroger avant tout sur les usages et besoins auxquels se destine la production et donc agir fortement sur les modes de consommation les mieux adaptés en aval à l’instar de la mutation des filières industrielles (mobilité durable, rénovation thermique des bâtiments,…) auxquels l’acier produit est destiné. Il s’agit de réfléchir à une stratégie industrielle où l’on produit ce que l’on consomme et non l’inverse.
2 – Le nucléaire est hors délai pour atteindre la neutralité carbone
La propension ministérielle a créer un lien d’interdépendance automatique entre l’électrification du processus sidérurgique d’ArcelorMittal Dunkerque et le maintien et développement du site nucléaire de Gravelines est un mensonge par omission faisant fi du vieillissement des six réacteurs actuels et des délais de construction et mise en route hypothétique de deux EPR 2 sur le site gravelinois.
Virage Énergie s’investira dans le débat organisée autour du projet de construction de ces deux réacteurs porté par EDF et annoncé par la Commission Nationale du Débat Public le 10 janvier dernier. Le devenir énergétique du territoire dunkerquois ne saurait se résumer à s’engager toujours plus loin dans l’impasse du recours perpétuel à une électricité d’origine nucléaire au détriment des énergies renouvelables.
3 – Pour un aménagement du territoire soutenable
La réussite de la décarbonation de l’économie, que nous appelons de nos vœux, nécessite de mettre en place un contrat social pour s’ancrer à l’échelle locale. Or, sa pérennité implique qu’en amont s’opère un réel dialogue de fond et que du temps y soit dédié, quoiqu’il en coûte. Le besoin de garde-fous aux implantations industrielles (consommation de ressources naturelles comme le foncier agricole et l’eau, impacts sur la qualité de l’air et la sécurité des habitants, mobilité des habitants et transports des marchandises, logement,…. ) est notable.
Nous réiterons donc notre demande faite au Préfet de la Région des Hauts-de-France le 24 mai 2023 d’organiser un dialogue large entre les partis-prenantes sur le dunkerquois et au-delà. Il faut empêcher les effets cumulatifs des projets actés ou préssentis avec les sites industriels actuels ; effets qui, si rien n’est fait, engendreront un aménagement de territoire insoutenable sur une région, le Delta de l’Aa, qui, rappelons-le, est un polder.
Paulo-Serge LOPES, Président de Virage Énergie
Contact presse : contact@virage-energie.org